Le retour de l’examen de conscience ?
Nous connaissons, au moins en théorie, l’examen de conscience tel qu’il est pratiqué dans les religions instituées, lesquelles nous invitent à une introspection morale afin de déterminer dans quelle mesure nous avons conformé nos pensées et actions aux règles morales valorisées par elles et censées refléter le bien pour chacun de nous. Dans l’antiquité grecque, cet examen a été pratiqué par les philosophes parallèlement à l’examen de conscience psychologique qui met l’accent sur la qualité de l’éveil, de la présence à soi, de la vigilance de l’esprit. Socrate exhortait ses contemporains à un examen minutieux de chaque idée reçue, afin que, par la lumière de la raison, chacun puisse comprendre par lui-même où se trouvent le vrai, le bien et le beau. Etre toujours en éveil, soupeser chaque chose, vérifier que sa conduite soit toujours en conformité avec l’idéal perçu, telles étaient les principales bornes sur la route qui menait à la sagesse.
L’Occident moderne, longtemps égaré dans les idéologies du positivisme – seul est réel ce qui peut être prouvé scientifiquement – et du libéralisme consumériste qui a relativisé les notions de bien et de mal jusqu’à les rendre inexistantes pour les plus libertaires, semble aujourd’hui opérer un retour vers les valeurs traditionnelles. Aux Etats-Unis, patrie du libéralisme, les cours de philosophie politique les plus suivis à Harvard sont ceux de Michael Sanders, dont les publications autour d’une politique du bien commun connaissent un succès mondial. Il propose un véritable examen de conscience moral dans le débat public et dans la sphère des décisions politiques.
Sur un plan individuel, on peut constater un retour de l’examen de conscience psychologique dans la sphère dite du développement personnel : psychologie positive, yoga, méditation, etc. La psychologie positive propose, par exemple, de tenir un journal quotidien afin d’y noter cinq moments qui nous ont donné du bonheur, même si ces moments ont été très fugaces. Cette pratique permet non seulement de détourner notre esprit de sa tendance habituelle à ne voir que les côtés négatifs de la vie, mais développe aussi notre capacité à être attentif aux petites choses qu’elle nous présente, donc à vivre plus consciemment. Dans les pratiques avancées de la méditation, il est conseillé de faire un examen quotidien à la fois psychologique et moral, afin de prendre conscience dans quelle mesure on a intégré ou non les fruits de la pratique. L’examen de conscience est un moment de retour sur soi qui comporte de multiples bénéfices, quelles que soient nos raisons pour l’entreprendre.
Publié le : 20/04/2016