Peut-on se libérer de la peur ?
La peur prend ses racines dans notre condition humaine incarnée, caractérisée par la vulnérabilité. Du point de vue des probabilités, nous avons toutes les raisons d’avoir peur, notre corps de chair étant en permanence exposé à toutes sortes de risques. Mais elle est aussi une condition émotionnelle qui, si elle nous domine, nous empêche de vivre une vie digne, dont la spécificité est justement le risque assumé.
Nous sommes des êtres verticaux. Nos pieds reposent certes sur la terre, mais notre tête se déplace dans le monde stellaire. Cette observation issue des sens voile – et par conséquent révèle, pour qui sait regarder au-delà des apparences – nos racines spirituelles, au sens premier du terme : nous sommes avant tout esprit. Et notre esprit a toujours le choix de se laisser entraîner par les émotions négatives ou de s’élever vers des régions qui les transcendent.
La peur est étroitement liée au désir, ils sont les deux facettes de la même énergie, à l’instar de la pulsion de vie et la pulsion de mort de Freud. Notre esprit produit autant de peurs que de désirs, pratiquement sans discontinuer car la cessation d’un désir implique toujours la naissance d’un autre. Si nous observons objectivement notre vie mentale ordinaire, elle est faite de cette alternance désir/peur dans laquelle nous tournons indéfiniment en rond. Sauf si nous décidons de ne plus nous laisser dominer par ces mécanismes psychiques inconscients.
La peur commence à desserrer son étau à mesure que nous prenons conscience que le plan que nous pouvons appréhender par nos sens n’est pas, loin de là, la seule réalité. Nous marchons certes au bord d’un précipice, mais nous ne marchons pas seuls. En d’autres termes, le déroulement de notre vie incarnée dépend dans une large mesure de dimensions dont nous avons oublié l’existence, où les notions de désir et de peur sont inconnues, où la sécurité est une condition naturelle et que nous retrouverons immanquablement au bout de notre chemin.
Publié le : 29/10/2014