Méditer pour sauver le monde ?
L’Occident doit son intérêt pour la méditation au prosélytisme opportun des moines bouddhistes tibétains, qui, en raison de leur profonde connaissance des lois du karma, ne ménagent pas leurs efforts pour divulguer leur savoir dans un monde livré à la barbarie du calcul égoïste. Ainsi, dans les quartiers difficiles des grandes villes américaines, où règne une ambiance délétère qui n’épargne pas les écoles, des expériences de méditation sont menées dans les classes de jeunes enfants. Alors qu’au début de l’expérience chaque élève percevait comme « ami » un seul autre élève – les autres leur étant au mieux indifférents sinon perçus comme hostiles -, au bout de quelques semaines seulement de pratique de la méditation, chacun éprouvait pour tous les autres une même bienveillance, le même sentiment de se trouver face à un égal, à un ami.
Ces expériences corroborent la croyance de nombreux penseurs en la bonté fondamentale de l’âme humaine. Une majorité d’entre nous est agressive, critique, malveillante par mimétisme ou contagion inconsciente, et nos réponses automatiques continuent d’alimenter le réservoir collectif de négativité. Or qu’est-ce que la méditation ? A la question de son disciple, un maître tibétain répondait ainsi : « quand la pensée précédente est passée et que la suivante ne s’est pas encore élevée, n’y a-t-il pas là un intervalle ? Eh bien, prolonge cet intervalle, c’est cela la méditation ».
Si on parvient à se tenir dans cet espace dégagé du tourbillon des pensées qui nous assaillent continuellement en temps normal, on se distancie de ce tourbillon et ce recul – que certains appellent la position de l’observateur- ouvre sur le ciel infini de notre esprit profond dont la nature est amour, c’est-à-dire pure bonté.
Les enfants de notre expérience avaient trouvé beaucoup de plaisir à reconnaître ces espaces de silence que notre esprit nous offre spontanément. Pour les aider à les prolonger, les intervenants leur avaient proposé de se concentrer sur une image ou sur un sentiment positif qu’ils devaient laisser émerger en eux. Cela s’appelle une technique de méditation et le Bouddha en avait essayé de nombreuses avant d’atteindre l’éveil, c’est-à-dire la pleine conscience de sa nature profonde.
Nous avons pris l’exemple des enfants pour montrer que la méditation est une pratique accessible à tous, dont tout le monde peut tirer un bénéfice inestimable pour son propre bien-être et pour développer un rapport plus juste aux autres et au monde. La méditation est la pratique par excellence permettant de se changer soi-même afin de changer le monde. Même si dans un premier temps elle est entreprise sur la base de motivations égoïstes –comme les développeurs de la Silicon Valley dont le but est de favoriser la créativité – sa pratique régulière conduira toujours au-delà de ce que l’on en attendait.
Publié le : 30/03/2016