Le préjugé est absence de pensée
Les préjugés constituent la trame psychique à partir de laquelle s’articule notre vie sociale, et sans lesquels cette dernière ne serait pas possible. Dès notre plus jeune âge, on nous a appris ce qui est « bien » et ce qui est « mal », à faire confiance à certaines catégories de personnes et à nous méfier d’autres. Aucun de nous n’échappe à ce conditionnement qui est notre héritage culturel (dans le sens de culture opposée à nature), grâce auquel nous pouvons fonctionner dans la plupart des situations avec un moindre coût en termes d’énergie psychique.
Mais adhérer aveuglement à n’importe quelle information ou jugement sans l’avoir passé par le crible de notre propre réflexion est néfaste dès lors que le contexte nous interpelle personnellement, soit sur le plan des idées ou sur celui des relations. Dans le premier cas nous pouvons passer à côté d’une précieuse opportunité de développer notre compréhension ou d’élargir notre esprit. Dans le second cas nous pouvons ne pas voir un diamant (l’être réel), masqué par sa gangue (l’apparence). Les préjugés qui entourent les relations sont bien plus tenaces que ceux qui se rapportent aux idées, du fait qu’ils impliquent davantage les émotions. Ils peuvent se rapporter aux catégories sociales ou socio-professionnelles, à l’origine ethnique, aux orientations sexuelles, etc., mais tous ont en commun une réaction d’évitement qui empêche de véritablement connaître l’autre et d’établir avec lui un contact significatif.
Les préjugés se nichent partout, aucun domaine n’y échappe, et pour beaucoup de personnes ils représentent la quasi-totalité du contenu de leur champ mental. La paresse mentale est encore très fréquente car, dans les premiers stades, il est bien plus douloureux d’exercer son esprit à la réflexion qu’un muscle en vue d’un perfectionnement physique, et mettre en mouvement sa pensée requiert plus de volonté que de mouvoir son corps. Nous pouvons aussi être passés maîtres dans l’art de penser et cependant laisser tout un pan de notre psyché à la merci du royaume des préjugés. Ne laissons pas nos préjugés gâcher des opportunités.
Publié le : 14/01/2015