Le mental est une arme à double tranchant
Aujourd’hui, pour désigner ce précieux instrument qui est à la base de l’évolution de la psyché, le terme « cognition » s’est peu à peu substitué à celui, plus classique, de « mental », mais il regroupe les mêmes facultés : se constituer et faire appel à une mémoire, analyser les informations qui parviennent à notre perception et en faire une synthèse pour produire du sens, utiliser l’imagination créatrice pour entrevoir tous les possibles, anticiper, se projeter dans l’avenir, etc.
Nous pouvons utiliser le mental essentiellement dans deux directions : celle des objets concrets comme le privilégie notre culture occidentale scientiste, ou celle des questionnements abstraits qui ont longtemps caractérisé l’Orient, avec sa riche culture philosophique et spirituelle. La première a donné naissance à tous les progrès technologiques que nous connaissons, qui ont considérablement amélioré notre vie quotidienne mais aussi renforcé la théorie du matérialisme ; la seconde a défriché le chemin qui conduit au mystère de notre propre être ainsi qu’à celui de l’univers qui nous abrite : nous sommes un microcosme au sein du macrocosme, « l’homme fait à l’image de Dieu ».
La métaphore de la caverne de Platon est une bonne illustration des deux aspects du mental et de leurs interactions. Des hommes se trouvent enchaînés par les pieds et le cou dans une caverne, qui laisse seulement passer un petit rayon de lumière par une ouverture que les hommes ne peuvent apercevoir directement, la lumière se trouvant derrière eux et leurs chaînes ne leur permettant pas de se retourner. Ils tiennent pour seule réalité les ombres d’eux-mêmes qui se reflètent sur les murs de la caverne. Lorsque l’un d’eux parvient à s’extraire de cette condition et à voir la lumière du soleil, il en est ébloui et déstabilisé, car toutes ses certitudes s’en trouvent remises en question. Et si finalement il s’habitue à cette nouvelle condition et retourne dans la caverne pour essayer de la partager avec ses semblables encore enchaînés, ceux-ci l’accueillent très mal, prêts à le tuer plutôt que de subir l’inconfort d’une remise en question.
Ce dualisme se déroule en réalité en chacun de nous, dès lors que nous avons fourni suffisamment d’efforts de réflexion pour créer une percée vers la lumière de l’intuition. Ce que nous entrevoyons est à la fois merveilleux et nous fait peur, car cela dérange toutes nos habitudes. Notre mental attaché au monde tangible déploie alors toute son habileté – et il sait être très habile – pour nous convaincre de la nature illusoire de la lumière perçue. Le mental concret tue le Réel.
Pour sortir de cette impasse, il ne s’agit pas de mener le combat inverse en fustigeant le mental discursif. Il s’agit de le mettre dans une condition de calme réceptivité, capable d’accueillir favorablement les fulgurances du mental abstrait et de les traduire dans un langage ou une pensée claire. Le mental abstrait est un télépathe cosmique !
Publié le : 11/12/2013