La véritable liberté est intérieure
Des prisonniers célèbres, dont Nelson Mandela et Vaclav Havel, ont témoigné avoir éprouvé dans l’étroite cellule de leur prison le plus grand sentiment de liberté qu’ils aient jamais connu. Comme si la pression exercée par l’enfermement extérieur avait fait tomber tous les murs intérieurs et ouvert un espace infini.
Nelson Mandela, qu’il est inutile de présenter à l’heure où tous les médias lui rendent hommage (son décès en décembre 2013), repris par les multiples sollicitations d’une vie ordinaire et sociale intense, disait souvent regretter sa petite cellule de Robben Island, dont le seul horizon visible se limitait à quelques arbres plantés dans la cour de la prison. Vaclav Havel, célèbre dissident de l’ex-Tchécoslovaquie communiste, puis président de son pays comme Mandela, a beaucoup écrit sur la richesse de la vie intérieure qu’il a connue en prison, où il a vraiment découvert ce que signifie profondément le mot « liberté ».
Bien sûr, ces deux hommes ne sont pas partis de rien, ils étaient tous deux de grands penseurs, c’est-à-dire qu’une connexion avec leur être essentiel -avec le Soi- existait déjà. De plus, Mandela a bénéficié d’un solide héritage spirituel par sa naissance dans un clan qui fondait toutes ses valeurs sur le sentiment d’appartenance à une humanité plus vaste, prônant la compassion et la compréhension de l’autre, et condamnant l’individualisme et l’égoïsme.
Nous ne sommes pas tous égaux devant l’expérience d’une incarcération, celle-ci peut tout autant nous détruire que nous magnifier. Mais il n’est pas nécessaire d’être un penseur exercé – c’est-à-dire quelqu’un qui sait penser par soi-même- pour que celle-ci devienne le théâtre d’une profonde transformation intérieure, comme en ont témoigné de nombreux prisonniers américains, en attente dans les « couloirs de la mort » suite à une condamnation injuste.
Grands dissidents ou victimes d’un système judiciaire défaillant, ils ont expérimenté cet immense sentiment de liberté qui réconcilie avec la Vie et connecte avec ce qui pulse intensément dans chaque atome de vie : l’Amour. C’est pourquoi aucun d’eux n’a gardé dans son cœur la moindre rancune à l’égard de ce qu’il a subi ou de ceux qui en sont responsables. Pardon et réconciliation sont devenus les maîtres mots de leur vie.
Sans être incarcérés dans des murs physiques, nous le sommes tous plus ou moins dans les murs psychiques de notre conditionnement. Se frayer un chemin vers la liberté commence par la prise de conscience de ce fait, avant de s’engager à mettre de l’ordre dans notre « jardin intérieur ».
Publié le : 01/01/2014