La paix intérieure est la seule terre sainte
Ces paroles de l’écrivain et poète Christian Bobin gagneraient à être longuement méditées en ces temps où menacent de nouvelles guerres de religion – religion pris dans le sens large du terme, qui regroupe toutes les idéologies. Mais assez curieusement, la notion de paix intérieure est absente du répertoire lexical de nos aspirations les plus chères, remplacée par les thèmes du bien-être, de l’épanouissement ou encore du bonheur.
Pourtant, peut-on envisager une forme quelconque de bonheur qui ne s’éteindrait pas comme un feu de paille, à mesure que le moment intense de satisfaction qui est à sa source perd de sa force, sans un minimum de paix intérieure ? Si nous prenions cette dernière comme objectif, ne serait-il pas plus aisé de travailler concrètement à sa réalisation en s’attaquant à la question avec méthode, plutôt que de courir après quelque chose qui par définition demeure flou et nous glisse des mains comme du sable.
La notion même de paix intérieure contient une clé importante : elle est intérieure, c’est-à-dire qu’elle ne dépend que de nous. Nous avons le pouvoir de cesser de nous identifier aux conditions extérieures dont nous nous sommes rendus dépendants, nous avons le pouvoir de décider de ce que nous acceptons de laisser pénétrer ou non dans notre « for intérieur ». Bien sûr, avant d’accéder à cette liberté, il s’agit d’abord de reconnaître où se nichent les nombreuses chaînes de notre esclavage, à commencer par tous ces petits riens par lesquels nous nous laissons constamment irriter et qui empoisonnent notre quotidien.
Comment aspirer à un monde en paix si nous sommes sans cesse en guerre avec nous-mêmes. La paix intérieure est le sas par lequel nous devons passer pour nous connecter à notre propre source, elle est la porte de l’âme, qui s’ouvre d’autant plus que notre paix intérieure est profonde. Elle est aussi la sublime récompense lorsque, stabilisée, elle prend pour nom sérénité et laisse sourdre une joie intarissable.
Publié le : 11/03/2015