La jalousie est-elle inhérente à la nature humaine ?
Autrement dit, pouvons-nous nous libérer de la jalousie ? Non, répondra spontanément la plupart d’entre nous, un tant soit peu exercé à l’introspection sans être effrayé par l’ombre tapie dans les profondeurs de la psyché ; et ceux qui prétendent le contraire se sont le plus souvent débarrassés du problème en le remisant justement dans l’ombre, c’est-à-dire en l’enfouissant profondément dans l’inconscient.
Car la jalousie est profondément enracinée dans le côté animal de la nature humaine, dans ses instincts archaïques liés à la survie dans un monde hostile et qui nous rend totalement dépendants de l’amour/protection des autres. Observons nos amis les animaux domestiques : ils revendiquent notre attention exclusive comme un petit d’homme revendique l’attention exclusive de sa mère et, selon les éthologues, ils éprouvent la même angoisse dès lors qu’ils en sont privés.
Notre personnalité ne cesse de se construire par le biais de multiples identifications qui fondent notre identité et nous donnent une certaine assurance pour faire face aux situations de la vie. Ces zones d’attachement sont précisément les points névralgiques par lesquels le poison de la jalousie peut insidieusement s’infiltrer et déclencher des comportements irrationnels, voire violents, dont la cause réelle nous échappe.
Comprendre la genèse du sentiment de jalousie ouvre la possibilité d’en entrevoir la libération, à condition que nous élargissions notre champ d’approche. Selon les sciences dites« ésotériques », tout comme l’enfant a été expulsé à sa naissance du nid protecteur du ventre de sa mère, il a été exilé d’une dimension où n’existait ni sentiment de séparation, ni différentiation sexuelle ; dans le monde de l’âme, chaque unité de conscience se sent unie à toutes les autres ainsi qu’au plus grand Tout, baignant dans une symbiose sécurisante que rien ne vient perturber.
Imaginons que nous redevenions parfaitement réceptifs, dans notre conscience cérébrale, à cette dimension et que nous y ancrions pleinement notre sentiment d’identité – ce qui est le but de toute aspiration et recherche spirituelle -, pourrions-nous encore éprouver un sentiment de jalousie ? Bien sûr, pour que la réponse soit négative, cela implique une dessaisie de tous nos attachements liés au monde de l’incarnation, telle que l’enseigne, par exemple, la voie bouddhiste. Et si le chemin est forcément long et semé d’embûches, l’entreprendre est un premier pas vers la libération.
Publié le : 22/01/2014