La femme est l’avenir de l’homme
…elle est la couleur de son âme. Ces paroles du poète Louis Aragon annonçaient, au début des années 60, une effloraison du « féminin ». Non seulement par la reconnaissance de la femme en tant qu’individualité à part entière – n’oublions pas qu’il n’y a pas encore si longtemps on doutait qu’elle ait une âme ! – mais des valeurs et des qualités dites féminines en général, que résumait parfaitement le slogan à venir : « peace and love ».
La qualité qui synthétise le mieux le principe féminin (la polarité Yin de la philosophie chinoise, en opposition complémentaire de la polarité Yang, principe masculin) est la sensibilité. Sensibilité à l’autre qui conduit au souci de l’autre et au désir de l’assister ; sensibilité à l’environnement et donc à toute forme de vie, ce qui permet de sortir de la vision mécaniste de la nature typiquement masculine et profondément destructrice ; enfin, comme conséquence de ces deux types de sensibilité, réceptivité à l’âme du monde qui permet de ressentir intuitivement l’interdépendance de toutes choses.
On peut aisément imaginer que si ces qualités étaient dominantes dans l’humanité, on aurait un monde plus juste où chacun recevrait ce dont il a besoin parce qu’il est lui-même soucieux du besoin des autres. On en est loin et les pires expressions du masculin règnent encore dans toutes les sphères de pouvoir : l’agressivité au service des intérêts égoïstes, individuels ou de groupe, l’esprit de compétition/concurrence, la violence (des licenciements économiques injustifiés, par exemple) … et aujourd’hui des bruits de bottes qui font trembler la planète entière.
L’esprit féminin n’est pas mort, il progresse de manière souterraine, non visible parce qu’éloigné des sphères du pouvoir qui tentent par tous les moyens de le museler. On peut le trouver partout, dans les nombreux mouvements qui luttent d’une façon ou d’une autre pour le bien commun ; et surtout, on le trouve dans le cœur de tous ces hommes et ces femmes qui, sans en avoir conscience et sans avoir les mots pour le dire, sont connectés à l’âme du monde et rendent possible le secours et l’assistance – notions toutes féminines – qu’on peut légitimement en attendre, du moment que l’univers masculin devient trop destructeur.
Publié le : 14/05/2014