Faut-il s’aimer soi-même pour aimer les autres ?
La plupart des courants psychologiques l’affirment, depuis l’avènement de l’enfant-roi et la polarisation sur le développement de l’individu. L’injonction de s’aimer soi-même, tout comme celui d’être heureux, est le fruit de la modernité qui nous a déconnecté des promesses d’un au-delà pour nous ancrer totalement dans l’ici et maintenant. Auparavant, on cherchait surtout à mener une vie digne dans le devoir accompli, le bonheur demeurant un espoir lointain. « Cherche le royaume de Dieu et le reste te sera donné de surcroit », était en substance la maxime censée inspirer nos vies.
Mais de plus en plus de psychologues dénoncent la dépression qui se trouve trop souvent au bout de cette quête narcissique et sans fin de l’amour de soi. Pour autant, il n’est pas faux de dire qu’on ne peut pas aimer les autres sans s’aimer soi-même, mais il est tout aussi juste d’affirmer qu’on ne peut pas s’aimer soi-même sans aimer les autres. Tout simplement parce que l’amour est une énergie de Vie à laquelle il faut être connecté pour qu’elle circule librement, à travers soi et vers les autres. L’amour est cette énergie unifiante qui relie le moindre brin d’herbe à la plus lointaine étoile, son contraire n’est pas la haine en tant que sentiment, mais l’action de séparer, de dissocier. Comment pourrait-on alors le contacter en se regardant le nombril ?
Une sage indienne, Amma, consacre sa vie à prendre quotidiennement des centaines de personnes dans ses bras afin de leur permettre, à travers cette étreinte, d’ouvrir leur cœur. De toute sa vie, elle n’a sans doute jamais pensé à elle-même et pourtant elle est l’incarnation même de l’amour. Pour ouvrir notre cœur – une autre façon de dire connaître l’amour – plutôt que de chercher des clés dans la psychologie de l’Occident hyper individualiste, puisons dans la sagesse orientale qui nous enseigne qu’il n’y a fondamentalement aucune différence entre « moi » et les autres.
Publié le : 04/03/2015