Faites de la fraternité !
En France s’exacerbe en ce moment un conflit qui laisse perplexe la plupart des autres pays : les « je suis Charlie » contre les « je ne suis pas Charlie », en d’autres termes, les absolutistes de la libre expression contre les sensibilités et susceptibilités religieuses. Cette spécificité française repose sur un athéisme revendiqué par une majorité qui se veut éclairée, d’où découlerait le droit de se moquer des croyances religieuses, au nom de leur non scientificité et donc de leur absence de fondements sérieux.
C’est pour lutter contre ces nouvelles guerres intra-muros des différentes conceptions du sacré, que les philosophes Abdennour Bidar (de culture musulmane) et Patrick Viveret (militant dans la mouvance altermondialiste) ont lancé un appel à se rassembler tous les 11 du mois pour entretenir et développer ce moment de communion fraternelle qui a surgi spontanément le 11 janvier après les attentats de Paris.
Car si tous les acteurs de la vie publique ont compris que le malaise français actuel repose sur l’absence d’un sens fédérateur, d’une véritable vision commune de l’homme, tout le monde bute sur le contenu à proposer. En suggérant de se mobiliser autour du concept de Fraternité, Abdennour Bidar ouvre le champ le plus large possible de la conciliation des différences et partant, d’une paix sociale réelle.
Le concept de Fraternité n’est pas seulement le troisième terme de notre devise républicaine – jamais réellement discuté et encore moins incarné si ce n’est dans sa version minimaliste de solidarité envers les plus faibles – il est aussi une transcription d’un message christique essentiel : « aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ». Cela commence par une ouverture sincère à l’autre, par une écoute mutuelle sans jugement et surtout sans condamnation, par un refus du cynisme et du confort égoïste de l’indifférence.
Nous pouvons tous participer à ce mouvement, même si nous ne sommes pas physiquement présents à ces rassemblements festifs, par notre ouverture du cœur et de l’esprit et l’accueil toujours fraternel de l’ « étranger » partout où il se présente.
Publié le : 25/03/2015