Etre soi-même demande du courage

Nous vivons sous le regard des autres, pour le meilleur ou le pire. Dès notre enfance, nous déployons toutes sortes de stratégies afin d’attirer l’amour des personnes dont nous dépendons ou de celles à qui nous désirons plaire. Nous apprenons à contenir notre expression spontanée pour l’adapter aux attentes réelles ou supposées des autres. Ainsi s’installe peu à peu l’habitude de se trahir soi-même pour ne pas être rejeté par les autres, ces trahisons mineures créant le ferment pour de futures trahisons peut-être plus conséquentes pour l’épanouissement de notre personnalité.

« Nous sommes ce que nous faisons de ce que les autres ont voulu faire de nous » disait Sartre. C’est précisément là que réside notre plus grande liberté. Mais nous ne sommes pas égaux devant cette liberté. Dans nos sociétés paradoxales qui accordent une valeur prépondérante aux apparences et à la réussite qui sait se mettre « en vitrine », tout en enjoignant à chacun de trouver par lui-même une signification à sa présence au monde, les plus fragiles choisissent le renoncement à eux-mêmes en se désinvestissant de toute participation sociale pour se réfugier dans la dépression ou diverses formes de drogues. Ils n’ont plus la force de rechercher la reconnaissance des autres, ils ont perdu jusqu’au courage de se lever le matin pour affronter la journée.

Car pour beaucoup il faut déjà du courage – donc un minium de force vitale – pour se précipiter tous les matins dans la jungle du monde du travail, comme en témoignent les analyses, de plus en plus nombreuses, sur la souffrance au travail. Etre ou rester soi-même signifie alors simplement être capable de tenir le coup. A l’opposé, d’autres entrent en retrait du monde comme on entre en religion, par fidélité à eux-mêmes, quand les propositions de la société ne correspondent à rien de ce qu’ils pourraient offrir ou alors seulement au prix d’une trahison de soi qu’ils refusent. La plupart d’entre nous évoluons entre ces deux extrêmes et manifestons le courage d’être soi dans toutes les situations qui menacent de rompre notre propre fil du sens.

Publié le : 07/10/2015

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