Dans chaque homme habitent deux loups
Une légende amérindienne met en scène un vieux chef Cherokee expliquant à son petit-fils la nature humaine : dans chaque homme vivent deux loups, qui se font sans cesse la guerre ; l’un est bienveillant, généreux, altruiste, l’autre égoïste, envieux et empli de haine. Lequel des deux loups va gagner la bataille, demande l’enfant. Celui que tu vas nourrir, répond l’Ancien.
Cette légende fait écho à d’autres traditions, pour qui l’âme est de nature double, une partie restant pure car reliée à sa source, l’Esprit, l’autre attachée aux expériences de l’incarnation – et pouvant s’y engluer jusqu’à oublier l’existence de sa moitié –, qui constitue notre conscience ordinaire. Parce qu’il se ressent séparé du Tout et en situation d’insécurité, le moi conscient se prend pour principal objet d’attention, ce qui permet de développer la conscience de soi et ne devient un défaut – une orientation de l’énergie psychique non souhaitable pour l’épanouissement de l’âme – que lorsque cette focalisation sur soi n’est pas équilibrée par le souci d’autrui.
Pendant longtemps donc, aussi longtemps que la moitié restée pure de l’âme ne domine pas dans notre conscience, notre vie de tous les jours est marquée par un tiraillement entre désir de satisfaction égoïste et renoncement pour un bien supérieur. Si chacun d’entre nous peut identifier cette dynamique en lui-même, elle est aussi aisément repérable dans le monde. Une partie de l’humanité n’hésite pas à réduire ses semblables en esclavage et à compromettre l’avenir des générations futures pour satisfaire son goût des richesses matérielles et du pouvoir ; une autre s’efforce, par tous les moyens à sa disposition, de contribuer au mieux-être de tous, parfois au prix de grands sacrifices.
Par les nombreux choix qui s’offrent à nous dans notre existence, mais aussi par le contenu et la nature des pensées que nous entretenons, nous donnons du pouvoir à l’un ou à l’autre des loups qui habitent en nous. Mais nous pesons aussi, et d’un poids non négligeable, sur la balance des orientations globales : ce sont nous-mêmes qui nourrissons les loups collectifs et qui décidons, au final, de qui va remporter la victoire.
Publié le : 11/02/2015