Aime ton prochain comme toi-même
Ce précepte chrétien représente bien plus qu’une simple règle morale qui, si elle était appliquée – on en est loin – permettrait un bien-vivre ensemble dans une société fondée sur le respect mutuel et la bienveillance.
Si nous faisions sincèrement l’effort de mettre en application ce précepte, sur un laps de temps suffisant pour en mesurer les effets, nous serions surpris de constater qu’il est un véritable antidote à une douleur fondamentale qui nous habite tous, la douleur de la séparation, la douleur de l’isolement et donc de la solitude.
Mais nous préférons en sourire : n’évoque-t-il pas un monde de « bisounours » – pour reprendre un terme à la mode ? Et comment peut-on parler d’amour dans ce monde où règne plus que jamais le « chacun pour soi », où, dans tous les domaines de la vie nous nous croyons sans cesse obligés d’entrer en compétition avec les autres pour trouver notre place ?
Ces paroles de sagesse heurtent à la fois notre individualisme et notre narcissisme, bien ancrés parce qu’encouragés par la société, et une défiance de la « religiosité » héritée des Lumières, comme si la menace d’une dictature d’un quelconque clergé pesait encore sur nos frêles épaules. Ne serions-nous donc pas encore assez individués, pas assez libres, pas assez autonomes pour oser vraiment penser par nous-mêmes et remettre en question le culte obligé d’une pseudo-raison de la modernité, qui revêt aujourd’hui le masque du scientisme ?
Allons, montrons-nous bons joueurs et soyons « scientifiques » : scrupuleusement et avec méthode, pratiquons l’amour du prochain. Comment ? Il nous suffit d’ouvrir notre cœur à chaque personne que nous rencontrons, de l’accueillir pleinement et de l’accepter telle qu’elle est, sans porter aucun jugement de valeur.
Et nous pourrions tout aussi « scientifiquement », c’est-à-dire objectivement, observer les résultats de l’expérience, à la fois en nous-mêmes et dans la qualité de nos relations : le cœur a un pouvoir qui transfigure nos vies.
Publié le : 05/02/2014